Le Cube’de rezidans–Fas’ta bağımsız sanat / Residency @Le Cube–Independent art in Morocco
Fotolar: Tanca,Rabat,Kazablanka,Tetuan,Marakeş/Photos: Tangier,Rabat,Casablanka,Tetouan,Marrakech-04.2013
Read the concept textBu çalışma Fas’taki bağımsız kültür ve sanat inisiyatiflerini ve mekanlarını konu edinmektedir. Bu kurumlarda çalışan kültür-sanat yönetici ve sanatçıların portrelerinin yanı sıra, mekanların belgesel fotoğraflarını da kapsayan seri; Murat Germen’in Nisan 2013 ayında Rabat’taki “Le Cube” adlı bağımsız sanat mekanında gerçekleştirdiği sanatçı rezidansı sırasında üretilmiştir. Aşağıda sanatçı ile yapılan röportajı Fransızca olarak bulabilirsiniz.
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This study focuses on the independent culture & arts initiatives and their spaces in Morocco. The series, comprising documentary photography of spaces, in addition to the portraits of culture-arts managers and artists working there; is produced during Murat Germen’s artists residency at Le Cube, an independent art room in Rabat. Below is an interview with the artists in French.
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LES PHOTOGRAPHIES DE MURAT GERMEN AU MAROC
23 avril 2013 – Par Yasmine Belmahi
Invité en résidence par l’espace d’art Le Cube, l’artiste turc Murat Germen conçoit un projet de documentation sur des espaces et initiatives d’art indépendants au Maroc. Il y rencontre et photographie les personnes impliquées dans ce mouvement…
Murat Germen, artiste turc de renommée internationale, et Elisabeth Piskernik, fondatrice avec son mari Driss Benabdallah, de l’espace d’art Le Cube – independent art room – à Rabat, se sont rencontrés à la 2ème édition de Marrakech Art Fair il y a deux ans. Elisabeth, touchée par le travail artistique de Murat et très intéressée par sa démarche créatrice, le convie à effectuer une résidence au Maroc pour y concevoir un projet sur place. Murat Germen, urbaniste et architecte qui a délaissé l’architecture pour se vouer entièrement à sa passion première, la photographie, accepte avec toutefois le désir de faire ce qu’il aime faire : des photos des villes, des espaces et des gens. Murat n’a pas entièrement abandonné la construction des espaces : il propose dans ses photographies des visions de ville dont la force réside dans sa manière de traiter le visible. De ce traitement de l’image, la compression de photos panoramiques,
Murat métamorphose des villes aux repères identifiables mais pris dans une dynamique et une vision différentes. Ce sont des villes colorées aux fondations parfois incertaines, des villes dont les murs continueraient à s’allonger, des villes qui paraissent parfois tenir au bord d’un précipice fuyant…Il y a quelque chose de vertigineux dans les photographies de Murat, le vertige du temps des villes « Cette vision de la ville inclut plusieurs temporalités dans un temps. J’essaie de capturer plusieurs moments dans un seul. Restituer plusieurs champs de visions ». D’où cette sensation d’être happé par un mouvement. Au contraire de certaines photos qui semblent fixer pour l’éternité un paysage, un moment, les photos de Murat ne figent rien dans l’instant. En proposant ces différents espaces, temps et perceptions dans une photo, Murat donne à voir des images de villes qui surprennent notre regard. De son séjour de trois semaines au Maroc, Murat a exposé au Cube une série de photos panoramiques des villes qu’il y a traversées.
Un « work in progress » autour d’un mot clé : « indépendance »
Dès son arrivée au Maroc, une idée a germé en Murat, peut-être née des conversations qu’il a eu avec Elisabeth, de ses observations, de son vécu. Murat Germen a voulu s’intéresser aux espaces et aux initiatives d’art indépendants au Maroc. Il est allé à la rencontre des fondateurs, des artistes et des activistes culturelles. « Ce que je souhaite demander à toutes ces personnes que j’ai rencontrées, c’est ce que signifie pour eux « l’indépendance » ? Toutes ces initiatives locales privilégient la notion d’indépendance. Ils ont fait le choix de la liberté. Peut-on être indépendant ? Est-ce une illusion ? Existe t-il plusieurs niveaux d’indépendance ? Quelles en sont les limites ? Comment les personnes peuvent-elles acquérir une indépendance et comment les partager? Leurs réponses seront une partie importante du projet ». Ce choix de la thématique n’est pas le fait d’une simple curiosité car s’il fallait définir Murat en un mot et un seul, il choisirait le mot « indépendance ».
C’est sa quête d’indépendance qui a motivé ses choix de vie et son désir d’enquête autour de ce mot est une façon de s’interroger sur sa propre conception d’indépendance. Les premiers pas de ce « work in progress » l’ont amené à rencontrer ceux qui, jour après jour, semaine après semaine font le Théâtre Nomade sur la route de Kénitra, l’Appartement 22 à Rabat, la Cinémathèque de Tanger, Trankat Street, un nouvel espace d’art à Tétouan, Daba Théâtre à Rabat, les Abattoirs de Casablanca, Dar Al Ma’mûn à Marrakech…« Peut-être pourrons nous organiser une rencontre à Istanbul avec des artistes turcs! Il est possible de mener ce même projet en Turquie et de demander comment les Turcs voient l’indépendance.
Comment ils se battent pour leur indépendance. Peut-être y a t-il une façon différente de voir l’indépendance pour les Marocains et pour les Turcs ? Peut-être y a t-il des similitudes ? La Turquie et le Maroc sont tous deux des pays musulmans, parmi les plus ouverts dans le monde islamique et où l’on a l’impression qu’il y a plusieurs pays dans un seul, ne serait-ce que par la variété des paysages que l’on peut parcourir en une journée, du désert aux cimes enneigés…».
L’aboutissement de ce « work in progress », fait de portraits, de photos et d’interviews devrait être exposé en 2014 au Maroc « Ce genre de projet de documentation est utilisé dans l’art aujourd’hui pour comprendre ce qui se passe dans l’art contemporain, les « pourquoi » des différentes démarches » conclut Murat Germen.